Oublier pour mieux apprendre

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Souvent, les plus grandes découvertes sont nées sur la base d’un paradoxe.

Et s’il était judicieux d’oublier pour mieux apprendre ?

Nerfs nerves-2926087_640Depuis les débuts de l’Intelligence Artificielle, les informaticiens ont voulu “modéliser” le cerveau humain pour pouvoir le reproduire dans un ordinateur. Ils ont reproduit la structure du cerveau, les neurones, les synapses, et se sont rendus compte qu’étonnamment, cette structure donnait à ce réseau de neurones des capacités étonnantes.

Pour donner un exemple, la reconnaissance d’images. On peut apprendre à un réseau de neurones à distinguer des émotions sur le visage.

Avant l’intelligence artificielle, il était nécessaire d’expliquer à l’ordinateur à quoi ressemble la joie. Avec des algorithmes très puissants, on cherchait à analyser la photo pour observer par exemple si les zygomatiques sont contractés ou pas.

Il fallait en fait expliquer à l’ordinateur la manière de comprendre les émotions. Or, nous savons bien qu’alors que nous avons une capacité naturelle à distinguer les émotions sur les visages des gens (capacité que n’ont généralement pas les autistes), il nous est difficile d’expliquer quels détails nous font penser que la personne est en colère.

L’apprentissage humain et informatique

Enfant child-666352_640Pour qu’un réseau de neurones apprenne, on lui donne des milliers de photos type, en indiquant pour chaque photo l’émotion qu’elle représente. Joie, colère, tristesse, … Et c’est le cerveau artificiel qui trouve toutes les caractéristiques communes de lui-même. Exactement comme le fait un enfant qui apprendr à reconnaître un visage.

Chaque neurone va littéralement apprendre à distinguer des caractéristiques significatives de l’image. Pour l’informaticien qui regarde ce réseau apprendre, nous sommes incapables de comprendre ce que le réseau de neurones a déterminé et comment il fait ses choix. On voit juste que certaines régions de ce cerveau commencent à s’activer par exemple en présence de colère.

Seulement voilà, les réseaux de neurones font face aux mêmes mauvais défauts que les humains. Si nous développons une idée préconçue comme quoi par exemple le fait que quelqu’un détourne le regard de nous signifie qu’il nous méprise, nous avons tendance à reproduire cette croyance à chaque fois que quelqu’un détourne son regard de nous. Et à chaque fois que cela se produit, cela vient confirmer notre apprentissage et très vite, nous sommes dans ce qu’on appelle une croyance limitante.

Chat cat-1889650_640Les réseaux de neurones aussi développent des croyances limitantes. Seulement voilà, alors qu’expérimenter sur le cerveau humain est éthiquement épineux, il est possible de faire ce que l’on veut sur un réseau de neurones artificiel.

C’est pourquoi aujourd’hui le monde de la psychologie se retourne vers l’Intelligence Artificielle pour voir dans quelle mesure les découvertes qui y sont faites sont applicables à l’être humain.

Pouvez-vous imaginer quelle est l’une des techniques par excellence pour éviter à un réseau de neurones de développer des croyances limitantes (appelées overfitting dans le jargon de l’Intelligence Artificielle) ?

Oublier pour mieux évoluer

C’est une technique appelée le Dropout, qui consiste à régulièrement griller un grand nombre de neurones de ce cerveau, pour l’obliger à tester d’autres manières de faire. Rassurez-vous, on ne grille pas ces neurones définitivement, mais juste temporairement. Et ces neurones sont grillés absolument au hasard. On peut griller quelquefois 10% des neurones, juste comme ça, pour forcer le cerveau à développer de la plasticité cérébrale. Vous comprenez bien pourquoi tel quel il n’est pas possible d’utiliser le Dropout sur l’être humain.

Mais comment pourrions-nous transposer ce concept ?

En choisissant de manière régulière de faire différemment quelque chose qu’on a toujours fait d’une certaine manière.

En faisant ainsi, on apprend à notre cerveau que les plus grandes certitudes sont discutables. On lui apprend à ne pas se bloquer dans des croyances limitantes et à oser faire de nouvelles choses.

Chaussure child-4818426_640C’est une pratique que j’aime beaucoup. Elle est certes déstabilisante pour l’entourage, mais c’est un outil fantastique pour entrainer son cerveau et pour l’optimiser.

Dernièrement, j’ai appris à faire mes lacets différemment. Au lieu de faire un noeud puis une boucle puis une seconde, j’ai appris à les faire d’un seul geste. J’ai aussi appris à plier mes T-Shirts en deux mouvements. Quand je roule en voiture, souvent, je vais tourner sans raison sur une route que je n’ai jamais empruntée.

Ce sont tous ces petits gestes au quotidien, qui m’obligent à faire les choses différemment, qui m’ont appris à aimer le changement. C’est grâce à cela que j’ai retrouvé une flexibilité mentale après un burnout qui m’a enfoncé dans ma zone de confort à l’extrême.

La pratique régulière de ces remises en question a transformé mes certitudes, et m’a convaincu qu’on peut toujours mieux faire. En m’empêchant de faire les choses comme d’habitude, c’est comme si j’éteignais temporairement mes neurones qui ont la compétence de faire cette même chose. Magique, non ?

En bref…

Je vous encourage vraiment à tenter l’expérience. Mais ne le faites pas juste une fois pour tester, faites-en vraiment une habitude de vie.

On a tendance à avoir peur de l’Intelligence Artificielle, comme quoi elle va dépasser l’homme. Pas si nous retirons les leçons de ce qu’elle sait faire mieux que nous. Pas si nous utilisons des outils comme la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) pour prendre le recul qu’il faut et extraire toutes les leçons que l’Intelligence Artificielle a à nous apprendre.

Go go-game-261979_640Lorsque pour la première fois au monde un ordinateur a battu le champion du monde du jeu de Go, cela a été une claque pour la communauté asiatique pour qui ce jeu est gravé dans leur culture. Et pourtant, ils ont eu la bonne attitude, car l’ordinateur a gagné en jouant un coup que le bon sens humain n’aurait jamais joué. Le champion du monde a déclaré que cette partie va changer la manière avec laquelle les humains jouent au jeu de Go.

Alors dépassez-vous ! Prenez-y du plaisir et vous ferez vraiment du bien à votre cerveau

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